LES VALLEES PERDUES DU FJORDLAND

Jeudi 16 Mars - Etape du jour = 309 Kms - Depuis le départ = 4.120 Kms

Ce matin rien ne presse et nous quittons notre cottage vers 9H30, le temps d'achever la rédaction de l'article précédent.

Après quelques kilomètres, nous quittons la H6 dans la "banlieue " de Queenstown où nous reviendrons passer 3 nuits après notre exploration du Fjordland. La route toujours magnifique se fait corniche et longe la rive du Lake Wakatipu, un des plus grands lac de NZ. 

Après le lake, nous traversons encore et toujours des immenses vallées superbes et chatoyantes. Je sais, je me répète à chaque fois, mais croyez Moi qd je vous assure que chaque nouvelle vallée après un col et chaque sortie de courbe mériteraient un arrêt photo. Nous longeons des Ranges majestueux que nous franchissons par des "pass" aux "view points" admirables et nous replongeons immédiatement  dans le sublime.

Petite transversale oubliée que nous trouve BB pour nous rapprocher plus rapidement du Fjordland. Enfin, petite piste sympa, pas plus large que le D.F.C.I qui nous permet d'accéder au "Paradou"; sinon que les bords sont arasés en pente douce pour évacuer les eaux pluviales évitant ainsi l'apparition d'ornières!!! - P'tit "clin d'oeil" à R et D -

Piste d'autant plus agréable que nous sommes seuls à l'utiliser, sur laquelle nous roulons pendant une vingtaine de Kms. Je m'autorise quelques légers dérapages, contrôlés par de discrets contre-braquages, afin de tromper la vigilance de "Maman" qui fait vite de l'huile... J'imagine Aurélien et Fred à ma place.

Nouveau Job pour Fred : quad de berger ...!!

De part et d'autre de la piste une végétation luxuriante qui pousse en à pic sur des montagnes révélant peu de terre et beaucoup de roches. Des forets de hêtres argentés, accrochés directement sur les rochers (pas de terre végétale) et nourries pas des mousses et des lichens, des fougères couronnes, et des fougères argentées.

"Selfie" au dessus de la "Grebe Valley", d'une beauté des premiers âges. On s'attendrait presque à voir voler au loin des "ptérodactyles", comme dans les aventures de Bob Morane ou celles écrites par Jules Vernes!!!

En retournant vers le Mont Burns, nous croisons 3 jeunes "hikers" lourdement chargés qui trekkent depuis QQ jours dans les montagnes. Nous les prenons avec Nous car ils vont faire la rando du Mont Burns; même si le "Rêve Four" est déjà copieusement chargé, on les rentre tous les 3, ainsi que leurs monstrueux sacs à dos. Le "Veau" un peu sur les essieux, gravit qd même la pente abrupte jusqu'au départ de la rando. 

Nous attaquons par une "sente" étroite et escarpée qui s'insère en pente raide dans une splendide forêt d'hêtres argentés - arbres étranges que nous découvrons pour la première fois - aux racines qui courent à "fleur de terre" comme une myriade de serpentins... Il y a peu de terre au sens littéral du terme dans le Fjordland et la végétation endémique a appris à s'accrocher autour des pierres et à étaler ses racines en surface. 

Au dessus des 1000 mètres nous sortons de la forêt et poursuivons la pente de plus en plus abrupte à travers une lande épaisse d'arbustes et de hautes herbes qui cachent "les pièges" du supposé chemin. En haut, le 360° sur les montagnes et les vallées ponctuées de lacs et d'étangs d'un bleu profond est absolument époustouflant. Cette impression magique d'être transportés dans "Into The Wild", comme en Alaska. 

Je confirme à Philippe et Jacqueline que les dénivelés du Laos et du Cambodge sont depuis longtemps "enfoncés"!!!

Vendredi 17 Mars - 

Départ pour une croisière qui, en nous faisant traverser le "Doubtful Sound" jusqu'en Mer de Tasman, nous conduira à la frontière du Fjordland, au bout de la route.

A 8H00 les premiers rayons de l'aube s'élèvent au dessus des crêtes environnantes, annonçant une superbe journée. Nous sommes nombreux ce petit matin à l'embarcadère de "Real Journey" (l'incontournable organisateur local); Quelques "niakouées femelles" s'insèrent dans le groupe largement constitué d'occidentaux; gageons qu'étant majoritaires, nous ne devrions pas trop les "subir"...(lol).

Nous commençons par la traversée du Lac Manapouri, (178 M de profondeur), avant de débarquer et emprunter un bus sur une piste en "one way" pendant 45 minutes. 

Puis après un arrêt au "look out" qui surplombe le "Doubtful sound" nous embarquons à nouveau sur un superbe bateau comprenant 3 ponts vitrés, pourvus de sièges et tables confortables. A bord, thé, café et eau sont en libre service, le personnel embarqué est souriant et "helpful", le Capitaine ne raconte pas sa vie dans les hauts parleurs, il fait beau et la température est douce. ALORS, PAS BELLE LA VIE...???

Le temps s'est malheureusement couvert en arrivant au Sound, mais les paysages sauvages du Fjordland dans lequel nous pénétrons profondément sont absolument superbes et émouvant. 

Toute cette région du Sud-Ouest de la NZ est découpée et inaccessible comme l'est la côte Sud du Chili ou celle de la Colombie britannique. 

Le parc national de Fiordland  est le plus grand des quatorze parcs nationaux du pays avec une superficie de 12 500 km2, et fait partie de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le Fjordland, comme le Chili est profondément "dentelé" par 14 grands fjords qui déroulent plus de 215 Kms de côtes ciselées.

Il y a des milliers d'années, les glaciers créèrent tous ces fjords, dont le plus célèbre, le plus visité est le Milford Sound ; parmi les autres fjords les plus connus on trouve également  Doubtful Sound et Dusky Sound.

La côte du Fiordland est en pente à pic et crénelée, avec des fjords, des vallées de la chaîne méridionale des Alpes du Sud. Dans le parc plusieurs pics dépassent les 2 000 mètres d'altitude. En plus des fjords, plusieurs grands lacs se trouvent en tout ou partie dans le parc, notamment les lacs Te Anau et Manapuri. 

Le vent vient surtout de l'ouest, balayant de l'air humide de la mer de Tasman. Rencontrant les montagnes, cet air se refroidit et fait tomber de grandes quantités de pluie sur la région (jusqu'à sept mètres en plusieurs endroits du parc). La pluie maintient les forêts luxuriantes et tempérées humides.

Le fjord est d'ailleurs constitué d'une couche d'eau douce, issue des pluies importantes, sur l'eau de mer plus en profondeur; en résulte une vie sous marine très riche et très particulière.

On nous raconte que Steven SPIELBERG, souhaitant tourner des scènes de "Jurassic parc" ici, fut tellement écoeuré par la pluie incessante, qu'il abandonna le Fjordland pour aller tourner à Rotorua -  vous savez, le "Yellowstone de NZ...-

La faune endémique a disparu au profit d'animaux introduits, sans aucun prédateurs : possums, rats, belettes ou même les cerfs rouges et quelques élans (moose d'Alaska) dont on ne sait s'il subsiste encore des spécimens.

Cependant, grosse action du département de la conservation pour détruire ces espèces prédatrices des derniers oiseaux endémiques du pays.

Après 38 Kms, la longueur du "Doubtful Sound" (pour une profondeur de 370 M), nous entrons dans la mer de Tasman en contournant un chapelet d'ilots et de brisants acérés à fleur d'eau. Quelques instants à naviguer sur la houle des "grands larges", le temps de voir quelques phoques paresseusement allongés sur un ilot et nous rentrons dans l'abri protecteur de l'estuaire.

Au milieu du 18ème siècle fallait être un Capitaine assez "couillu" pour oser aventurer son voilier dans un chenal inconnu, sans savoir s'il pourrait faire demi-tour et si le vent tournerait pour le lui permettre; même si ledit Capitaine envoyait préalablement des marins en éclaireurs sur un canot. 

D'ailleurs COOK, empreint d'une extrême réticence, n'osa pas y pénétrer; voila pourquoi il nomma l'estuaire "Doubtful Sound".

Effectivement comme écrit plus haut, on ressent  peu de vie animale sur ces falaises luxuriantes, parfois "rapées" de haut en bas comme s'il y avait eu une avalanche d'arbres... Il n'y a aucun bruit, excepté de rares pépiements sous la futaie. 

Si COOK avait connu "Simon & Garfunkel" il aurait nommé l'endroit "The Sound Of Silence"... Depuis le temps que je voulais la faire celle la!!!!!!

Transfert entre le Sound et le lac, comme à l'aller avec des bus splendides et tout neuf. C'est autre chose que les antiques "school-bus" pourraves de l'Utah ou du Denali en Alaska....

Retour dans notre petite maison où les baies vitrées donnent sur le lac Manapouri, pour une petite soirée "dinette en amoureux". Le temps s'est méchamment couvert pendant que j'écrivais l'article. 

Peut-être aurons nous de la pluie sur notre future étape. Cependant, la météo annonce du soleil pour Dimanche, jour de croisière sur le "Milford Sound"...