LA VALLEE DEL EDEN

Jeudi 9 Mars - Etape du jour : 330 Kms

Quand nous partîmes vers 7 heures, les premières lueurs de l'aube commençaient juste à déteindre dans le ciel, au loin à l'Est. Peu de circulation à cette heure matinale. Plutôt que de revenir sur Nelson, nous trouvons une route de traverse "la Mokutea valley Road" pour rejoindre la H6.

Une route absolument superbe qui nous fit traverser des vergers à perte de vue - Myrtilles, pommes, poires, pêches...- doucement éclairés par les premières lueurs rasantes d'un soleil qui s'annonçait généreux, mais qui peinait à réchauffer une terre encore froide de la nuit passée. Le thermomètre du "Veau" affichant 4° ce jeudi matin!!!

Notre route serpente au milieu de vallons splendides, où les brumes matinales s'accrochent toujours aux pentes des collines ou dans le lit de la transparente Mokutea; devant l'entrée des fermes, nous croisons des enfants immuablement blondinets en tenue scolaire attendant leur "School Bus", qui nous font un petit salut de la main. Et dans cette douce ambiance champêtre, nimbée d'une transparence lumineuse qui exalte les couleurs, seuls sur la route nous imaginons que cela ressemble au jardin d'Eden où vivent libellules et papillons. 

De suite, nous commençons à fredonner "La Vallee Del Eden", l'unique tube de Nino De Angelo en 1983. Le titre de cet article nous est donc apparu comme une évidence. 

Depuis que nous visitons l'île du Sud, nous remarquons qu'ici les Pagus arrosent les prairies à longueur de journée...??? Doivent avoir des nappes phréatiques chargées à bloc dans le coin. Faudra qd même que je demande à André T à quoi ça sert dans un pays où il pleut un jour sur deux?

Ce matin nous pensons beaucoup à nos chers Tchitch qui doivent vivre à Londres des moments difficiles. Si nos pensées traversent bien l'éther, qu'elles leurs apportent toute notre affection et notre amitié et un petit bout de la "Vallee Del Eden" pour le Papa de Diana.

Après 50 Kms de pur bonheur, nous rejoignons la H6 qui, à l'instar de notre petite route de traverse, longe fréquemment d'étroits vallons tous plus beau les uns que les autres, franchi des cols où sont aménagés des "lookouts" splendides (le dernier "en attendant la suite" en est un exemple), et plonge vers des rivières bruissantes scintillant sous un ciel bleu azur. 

A 9H15, nous arrivons à Murchinson à 155 Kms d'Abel Tasman. Bonne moyenne, bien mieux que je l'espérais la veille. Du coup, "arrêt breakfast" à ce que nous pensions être une ville, mais qui se résume à quelques baraquements le long de la route, dont un "4 Square": ça tombe bien j'ai besoin de clopes et cela fait 5 jours que je ne me suis pas fait racketté par le Gouvernement Néozélandais....

Y'a un truc bizarre avec l'électronique du Veau; depuis le début du voyage, la consommation moyenne affiche imperturbablement : 9,2 L/100 Kms et quelque qu'ait été la route: montagneuse ou plate, sinueuse ou droite. Je dépasse très rarement le 110, en plus je roule en "mode Eco"; donc "le Veau" est  Glouton!!!

Mais bon, finalement, sur les routes de montagne le Veau manifeste une certaine vélocité; Fred a raison, je commence à m'y attacher au Bougre!!!

En quittant Murchinson, il nous reste encore 170 Kms environ avant Hanmer Springs. La circulation s'est pas mal densifiée, et effectivement nous sommes régulièrement arrêtés par des gros travaux de génie civil. Nous subissons donc les nombreux "Be prepare to Stop", ce qui nous permet de rencontrer de ravissantes et souriantes employées de la D.D.E locale, affublées de leur chasuble orange fluo...Je ne sais pas pour les routes, mais au niveau de son "casting", croyez Moi, la DDE est au Top....J'en connais un qui, s'il avait été avec Nous, aurait apprécié "beurrer les tartines" à quelques unes!!! 

Avant la fameuse "Lewis Pass", nous traversons une splendide forêt pourvue de grands arbres bien silencieuse elle aussi. Nous sommes en altitude, il fait frais -la température n'aura pas dépassé les 17° tout au long de la journée-, et les cigales qui mettaient un peu de vie sont restées au bord de la mer. 

De l'autre coté de la Lewis Pass, nous changeons de paysage et longeons un nouveau vallon, creusé par la Lewis River, dominé par un Range grandiose alternant toutes les nuances de vert, d'ocre et de vermillon, pour finir en couleur de cendre sur les sommets. Cette route est absolument somptueuse et chaque sortie de virage dévoile un nouvel enchantement. Sans conteste la plus belle traversée effectuée depuis notre arrivée. 

Nous décidons de nous arrêter dans une des entrées de St James Park, qui comme les autres est le départ de plusieurs randonnées dans les montagnes environnantes. Pas de "boucle", que des longues traversées. Nous décidons donc d'emprunter un des chemins qui suit le cours de la rivière. Nous prenons nos bâtons de marche et une réserve d'eau et nous partons à la découverte du coin. 

Superbe rando en sous-bois avec un petit courant d'air frais juste comme il faut et le bruissement de la rivière. Le sous bois se prolongeant, au bout d'un heure de marche, au niveau d'un pont suspendu qui nous faisait passer sur la rive droite nous décidons de faire demi tour. 

Nous rentrons après 2 heures et environ 6 Kms AR d'une rando bien agréable qui nous donna un autre aperçu du range St James

Les innombrables "prepare to stop", les files d'attente, les nombreux camions que nous doublâmes n'entamèrent pas d'un iota notre ravissement et notre sérénité. J'espère que nos 2 Anges étaient avec Nous et comme Nous se sont régalés de cette Nature splendide, de ces douces vallées où paissent paisiblement vaches et moutons. 

Pour Nous cela aura été une "étape de pur bonheur" et, en découvrant le "Alpine Springs Motel", niché aussi au coeur d'une belle vallée verdoyante, nous achevons cette étape de rêve. 

Comme le chantait Nino De Angelo : "Si nous retrouvons le bonheur, ce sera à La Vallée Del Eden- Sur chaque route et chaque ville, un beau rayon de soleil tu verras...."